mercredi 13 avril 2016

1984 de George Orwell

C'est le premier livre audio que j'écoute, et l'expérience fut concluante. Pendant les trajets en voiture ou mes balades en solo, j'ai peu à peu (re)découvert ce monument de la littérature, même s'il m'aura fallu près d'un mois pour le finir. 

Résumé

« De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée. »

Mon avis


J'ai d'abord eu du mal avec ce procédé, écouter plutôt que lire, mais je devais me rendre à l'évidence: mes nombreux trajets en voiture était autant de temps perdu, et j'avais là une solution pour occuper ces instants. J'ai donc poursuivi l’aventure, et je ne le regrette pas. Passé les premiers chapitres, le temps de m'habituer, j'avais adopté le rythme et je prenais presque autant de plaisir dans ces écoutes que dans mes lectures.

Ecrit en 1948 (d'où semblerait-il, en partie au moins, le choix de l'année 84, par inversion des nombres), ce roman est un roman d'anticipation et non comme je l'avais d'abord écrit une uchronie, puisque la quasi totalité du livre se déroule après 1949 (uchronie:  réécriture de l'histoire, telle qu'elle aurait pu être) et Dieu merci, George Orwell ne fut pas visionnaire. 

Nous suivons le point de vue du héros, Winston Smith, qui vit dans un monde étrange et horrible. C'est une société en guerre permanente, sans lois énoncées mais sans aucune liberté pourtant, avec des classes sociales plus que marquées (les prolétaires sont à peine considérés comme des hommes), où l'on apprend à tous à ne pas penser, allant même jusqu'à inventer une langue nouvelle, construite principalement par la destruction d'un maximum de mots, et qui à terme, empêchera quiconque de s'insurger, puisqu'il n'y aura plus aucun mot abstrait pour former ses pensées.

Le roman est construit en plusieurs temps, qui ne m'ont pas tous séduite de la même manière. Au début, on découvre Winston, ainsi que la société dans laquelle il vit. J'adore ces romans qui dépeignent avec tant d'imagination et dans le détail, des mondes qui n'existent pas, outre les frontières de l'imagination de l'auteur. Ce monde-ci est effrayant, on n'y a plus aucune liberté, aucune intimité, puisque chacun vit sous l'oeil de Big Brother. Souvent dans notre société on cite cet entité, notamment, de nos jours, avec l'installation de plus en plus de caméras dans les villes. Il est devenu le symbole de ceux qui luttent pour les libertés individuelles. Le Londres dans lequel Winston vit est donc dépeint, ainsi que la routine de celui-ci. Puis, peu à peu, on découvre que derrière sa façade conforme aux exigences du parti, Winston n'adhère pas à la société dans laquelle il évolue, et de par son métier, observe les mensonges auxquels s'adonnent les dirigeants, pour laisser croire à tous que leur existence est meilleure que par le passé. Les romans, écrits grâce à des machines, les journaux, et les rares autres traces écrites sont cesse remaniées pour coller à l'idéologie du moment. Les trois grandes puissances mondiales, empêtrées dans des guerres perpétuelles, nécessaires pour leur potentiel de destruction, sont tour à  tour alliées puis ennemies, sans que quiconque semble s'apercevoir de ces changements. Winston étouffe, et décide, même si cela revient à signer son arrêt de mort, de se rebeller face à ce système qu'il exècre... D'abord, par l'écriture d'un journal, puis par des fréquentations interdites. J'ai aimé ces premiers chapitres, je me languissais toujours de connaître la suite, et les rebondissements, bien que prévisibles, me satisfaisaient. Vint ensuite un passage, où Winston lit le livre des rebelles, et même si cétait important pour l'histoire, mon intérêt est un peu retombé. J'avais un peu de mal avec cette prose descriptive, d'autant qu'elle parlait de choses dont j'avais déjà pris conscience via la lecture du début du roman. Enfin, la dernière partie du livre est consacrée à l'évolution de la langue. Là, je dois avouer que j'y ai trouvé mon compte. Moi qui aime tant la langue française et sa grammaire, j'ai adoré entrevoir les rouages du démantèlement de la langue, et son influence sur la capacité à penser.

En conclusion, à part pendant quelques passages un peu rébarbatifs, j'ai vraiment aimé ce monument de la littérature, et j'ai aussi apprécié l'expérience du livre audio, que je renouvellerai très certainement.



4 commentaires:

  1. J'avais adoré ce roman qui m'avait été imposé à l'école. Je trouve qu'il fait réfléchir sur notre société actuelle pas si éloignée de celle du roman en fin de compte.

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  2. Heureusement, on n'en est quand même pas là... Moi j'ai adoré le lien établi entre la langue et la pensée. J'ai vraiment trouvé ça intéressant. Merci pour tes commentaires, ça m'a fait vraiment plaisir

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  3. Je n'ai pas encore lu ce chef d'oeuvre...
    Par contre, je ne le "lirai" pas en livre audio.
    Je n'y arrive vraiment pas ! Je n'arrive pas à rester concentrée.

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  4. J'ai eu moi aussi beaucoup de mal au début avec ce mode de "lecture". Mais une fois habituée, ça me plaît beaucoup finalement. Pas autant que de lire, évidemment, mais comme de toute façon "j'écoute" à des moments où je ne pourrais pas lire... Par contre, j'ai rencontré deux cas qui m'ont fait renoncer. Le premier, une voix que je ne supportais pas, avec un rythme de lecture qui ne me convenait pas. Le second: j'adorais écouter, j'avais l'impression de suivre une série TV. C'était "La vérité sur l'affaire Quebert" de Dicker. Sauf qu'après avoir écouté les deux premières parties je me suis dit que c'était bizarre qu'il n'y ait que dix parties, pas très longues qui plus est. J'ai vérifié et c'était une adaptation. Pas question pour moi de poursuivre, je veux découvrir le texte en entier, tel que l'auteur l'a écrit. Dommage car la mise en scène était géniale, avec bruitage, chaque personnage ayant son acteur-voix etc. Mais je pense que pour quelqu'un qui ne lit pas beaucoup ce serait un bon moyen de s'y mettre, ou alors pour une écoute en famille, par exemple sur la route des vacances.

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Merci pour vos petits mots ;)