mercredi 27 avril 2016

Gone (Tome 1) de Michael Grant

Entre les lectures des deux thrillers pour les Explorateurs du polar, je me suis laissée tentée par le premier tome d'une série jeunesse, notamment pour satisfaire au thème du challenge d'avril de Challenge Book: "Commencer, continuer ou finir des séries".


Résumé


Imaginez : tous les êtres humains de plus de 15 ans ont disparu. Plus incroyable encore, ceux qui restent développent des super-pouvoirs mais ils ne parviennent pas encore à les maîtriser... Cette aventure extraordinaire est arrivée à Sam, 14 ans, et à tous les enfants de la petite ville californienne de Perdido. Passé la première période d'euphorie, les enfants doivent maintenant s'organiser pour survivre. Qui va s'occuper des bébés et des malades ? Comment trouver de la nourriture ? Autant de questions vitales à résoudre en urgence !






Mon avis

Tout d'abord, je ne peux que commencer en évoquant les livres auxquels j'ai pensé en découvrant celui-ci: 

- "Autre monde" de Maxime Chattam, une autre série que j'ai commencé (j'ai lu en janvier et février les deux premiers tomes) et que j'aime beaucoup. Là aussi, il est question d'un monde duquel les adultes disparaissent du jour au lendemain, laissant les enfants seuls aux commandes.

-"Sa majesté des mouches" de William Golding, dont je n'ai que des souvenirs lointains (je me demande même si je l'ai lu intégralement) et que j'ai bien envie de (re?)lire. Là aussi les enfants se retrouvaient seuls du jour au lendemain et je crois me souvenir que leur cruauté était au moins équivalente à celle de certains des protagonistes de "Gone".

-"Dôme" la série de Stephen King que j'avais adoré et qui plaçait aussi ses personnages (pas seulement des enfants) sous un dôme, dont les limites étaient comme ici celles de la petite ville des protagonistes (Chester's Mill) et de ses environs.


On découvre dans ce premier roman un nombre substantiel de personnages, que j'ai envie de brièvement présenter, histoire de m'en souvenir vu que je vais espacer ma lecture des différents tomes. J'espère que cela pourra aussi vous servir.

-Tout d'abord, les personnages du collège public de la petite communauté, parmi lesquels les héros: Sam, déjà connu pour un acte héroïque quelques années auparavant, son meilleur ami Quinn, et la fille dont il est amoureux Astrid, alias "le petit génie", bientôt rejointe par son petit frère autiste, Pete, 4 ans. Ils ont à peu près 14 ans, et vont vers leur quinzième anniversaire.
Au fur et à mesure d'autres personnages seront mis sous les feux des projecteurs mais c'est avec ces derniers que démarre le livre. 
A ces "gentils" s'opposent les "méchants" du même établissement: Orc, le cerveau, et son molosse Howard, accompagnés par Cookie.

- Viennent ensuite les élèves du pensionnat privé de la ville: Caine, qui se présente comme le chef, accompagné de son malabar, Drake, et de Diana, qui met son intelligence à leur service, mais qui est aussi la seule à oser s'opposer à Caine (qui  semble épris d'elle). 
Viendront s'ajouter là aussi d'autres personnages qui prendront de l'importance au fil du roman, tel que Jack le crack, et bien d'autres encore.

-Enfin, le personnage isolé de Lana, qui n'est pas de la ville et était avec son grand-père sur la route lors de la disparition des adultes, toujours épaulée par son chien Pat.

C'est une vision assez manichéenne qui est mise en place avec les bons d'un côté, les mauvais de l'autre. Ce qui semble en fait assez logique puisque c'est une notion très répandue pendant l'enfance, les nuances de gris ne venant que plus tard.


Tous ces personnages vivent à Perdido, une petite ville isolée (de certains cotés par la mer, d'autres par les montagnes) en Californie, dont la principale activité tient en une centrale nucléaire dont on sait qu'il y a eu un incident au cours des années 90 (on peut alors se poser la question de la responsabilité de celui-ci dans les événements présentés dans le roman).

Les personnages et le décor posés, l'action peut se décrire ainsi: alors que tout ce petit monde vit une journée ordinaire, voilà que tous les habitants âgés de plus de 15 ans disparaissent soudain. Le monde tel qu'ils l'ont connu se voit annihilé, et les enfants vont très vite devoir faire face à cette nouvelle réalité. Très rapidement, Sam se révèle être le leader désigné par tous, sauf bien sûr par les petits caïds qui voient dans cet événement l'occasion d'exercer un pouvoir malsain sur les autres. A ces derniers vont bientôt s'imposer les enfants du pensionnat qui sous couvert d'entraide prennent les rennes de la bourgade.
Mais l'élément principal est le surgissement de pouvoirs surnaturels chez de nombreux enfants (parfois préalable à la disparition des adultes). Ainsi, Sam se voit doté du pouvoir de faire surgir la lumière, Caine peut déplacer des objets, et on trouve une palette de pouvoirs allant de la super vitesse à la faculté de guérir, en passant par l'invisibilité.

Ce premier tome est donc principalement là pour poser le contexte et introduire les protagonistes. Je ne sais pas du tout ce qui m'attend dans les suites de ce roman de littérature jeunesse, mais j'ai apprécié ce premier volet de la série, qui outre une histoire sympathique fait réfléchir sur la nature humaine. Je lirai la suite avec plaisir un de ces jours, même si ce n'est pas pour moi un monument du genre. Je lui préfère largement la série Autre monde dont je lirai probablement le troisième tome si j'ai le temps après le tome 3 de W3, dans le cadre du challenge d'avril (j'essaie d'espacer les différents tomes de la série de Chattam de sorte à ne pas avoir de période trop longue avant la sortie du dernier opus à la fin de l'année 2016). 


N'hésitez pas à me laisser un petit message pour me dire quelles sont vos séries préférées.
Bonnes lectures à tous, et on se retrouve très bientôt!




jeudi 21 avril 2016

Les fauves d'Ingrid Desjours, dans le cadre des "Explorateurs du Polar"

Tout d'abord, je tiens à remercier Lecteurs.com qui, dans le cadre des Explorateurs du polar, m'a offert ce thriller d'Ingrid Desjours : Les fauves. Dès réception du colis, je me suis plongée dans ce roman, qui se trouve être le premier de cette auteure que je découvre. 

Résumé

VOTRE PIRE PRÉDATEUR :
CELUI QUI VOUS AURA APPRIVOISÉ

« Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! » À la tête d’une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l’État Islamique, l’ambitieuse Haiko est devenue la cible d’une terrible fatwa.

Lorsqu’elle engage Lars comme garde du corps, l’ancien militaire a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit toute la vérité sur ses activités ? Et pourra-t-il vraiment la protéger contre des tueurs fanatiques, quand lui-même porte les séquelles d’une détention qui l’a traumatisé ?

Dans cet univers où règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde.

Mon avis

Je ne sais si c'est de les avoir lus tous deux dans un laps de temps assez court, mais je ne peux m'empêcher de trouver des similitudes entre ce roman et celui de Karine Giebel "De force". Ici aussi, une victime de harcèlement, menacée de mort, qui trouve du réconfort et est attirée par son garde du corps, là encore un ancien soldat victime de stress post-traumatique... De plus, comme "De force", le titre du roman, "Les fauves", est scandé tout au long du texte, créant un effet d'enfermement, une inéluctabilité du déroulement funeste du destin de l’héroïne du roman.


Cette dernière, Haiko, est menacée, semblerait-il, suite à son activité professionelle: elle tente de dé-radicaliser des jeunes, d'abord via les réseaux sociaux, tentant de leur démontrer qu'ils sont manipulés, et va en dernier recours jusqu'à les enlever juste avant leur départ pour la Syrie, avec l'accord parental, les emmenant en Suisse afin qu'ils reprennent pied avec la réalité et quelques mois plus tard soient rendus à leur famille. Cet acharnement lui vaut d'être victime d'une fatwa qui ne laisse en aucun cas de place à son interprétation: "Torturez-la! Violez-la! tuez-la!"?

C'est donc un sujet grave, et d'actualité, qui tient lieu de fond au roman d'Ingrid Desjours, celui-ci restant pour autant un thriller, et pas un essai sur le sujet. Il est pourtant abordé avec beaucoup de justesse, les différents points de vue examinés, et l'auteur a selon moi fait un véritable travail de recherche. J'ai apprécié en apprendre plus sur la question, notamment au travers d'articles disséminés entre les chapitres tout au long du roman. Des articles de presse, mais pas que, on trouve aussi des extraits tirés de Wikipédia par exemple, qui reprennent l'actualité récente en France, mais donnent aussi des informations plus générales, sur divers sujets ayant trait au roman comme par exemple le djihad ou encore les fameux TSPT, eux aussi au cœur du livre, notamment via le personnage de Lars.

L'action principale de ce thriller est bien menée. Très vite, on découvre que les proganosites ont tous un caractère trouble, et on ne sait plus à quel saint se vouer. Le suspense est intense, et les personnages vraiment approfondis. Derrière la jeune femme enjouée et passionnée que paraît être Haiko de prime abord se cache une âme blessée depuis sa plus tendre enfance, qui a l'impression de détruire tous ceux qu'elle aime. De même, Lars, qui semble fort malgré sa maladie, se révèle être un homme torturé par des souvenirs de guerre abominables. Les deux protagonistes sont étayés au fil des pages et c'est avec une fascination quasi morbide que l'on découvre leurs passés respectifs, plein de failles plus béantes les unes que les autres. Les personnages secondaires ont aussi beaucoup d'intérêt, et l'écrivain ne les a pas négligés, ils sont eu aussi creusés, et on aime les découvrir tant pour eux-mêmes que pour leurs relations avec Haïko et Lars.

Dans ce roman noir se cache certains passages vraiment très durs, et j'ai même eu beaucoup de mal à lire celui où l'on découvre enfin, horrifiés (en tout cas c'était mon cas), ce qui est arrivé à Lars lorsqu'il était prisonnier durant son séjour en Afghanistan. 

Quant au final, il m'a complètement épatée, les événements s'enchaînant les uns aux autres et révélant une vérité parfois soupçonnée mais jamais complètement devinée. On passe en effet par tous les scénarios imaginables durant la lecture, et pourtant la fin reste surprenante.

C'est à mon avis un excellent thriller, très bien documenté, et j'ai de plus été sensible au style de l'auteur, capable d'alterner un langage soutenu riche en comparaisons et autres métaphores, et des dialogues familiers. Je retrouverai sa prose avec joie pour découvrir d'autres de ses romans.


Encore merci à Lecteurs.com et aux Quais du Polar pour cette opportunité, je vais à présent me plonger avec joie dans le dernier tome de la trilogie de Camut et Hug.





jeudi 14 avril 2016

W3: La Mal par le mal (tome 2) de Jérôme Camut et Nathalie Hug - CamHug pour les intimes ;)

A peine terminé le premier tome, me voilà lancée, avec un plaisir certain, dans la lecture de ce deuxième opus. Je déroge en cela à ma récente résolution de ne pas lire les séries d'un coup, regrettant ensuite de devoir quitter des personnages tant appréciés. Mais comme je vais bientôt recevoir le dernier tome et devoir le chroniquer, dans le cadre des explorateurs du polar, j'ai fait là une exception.

Résumé


Sous le choc de la découverte du responsable de sa séquestration, la journaliste Lara Mendès décide de se reconstruire loin du site d’info W3, fondé avec ses proches pour dénoncer les dysfonctionnements de la justice.


Pendant que Léon Castel, l’activiste ingérable et porte-parole du site, poursuit ses actions coups de poings, une vague de meurtres violents cible des officiers de police partout en France.



Alors que tout semble mis en œuvre pour étouffer l’affaire, la Web TV est convaincue de tenir sa nouvelle bombe médiatique.



Fragilisée par des tensions internes et de violentes pressions extérieures, l’équipe de W3 se retrouve bientôt plongée en plein chaos.



Mon avis

C'est donc avec beaucoup d'entrain que j'ai poursuivi la découverte des aventures des protagonistes de W3. J'ai retrouvé certains personnages du premier roman, j'en ai découvert d'autres. Et si déjà j'avais beaucoup apprécié le premier volet, avec ce deuxième roman le pari est gagné, il est, à mon sens, encore meilleur que le premier. Ce qui laisse présager un final éblouissant.

Nous voilà donc à nouveau plongés dans un univers de faux-semblant, où les machinations politiques et les crimes pervers sont monnaie courante, et dans lequel des héros des temps modernes, ici des journalistes d'investigation (c'est en tout cas la nouvelle fonction de ces personnages venus d'horizons divers) ayant créé un média qui se veut libre, vont tenter de décrypter des événements suspects afin de faire éclater la vérité. Une vérité que l'on a d'abord du mal à appréhender dans cet univers trouble, où l'on ne sait parfois plus différencier les "gentils" des "méchants".

Comme dans le premier livre, à chaque chapitre nous suivons un ou des personnages différents, ce qui en plus de changer les points de vue et de  passer d'une intrigue à l'autre, permet un effet de suspense incroyable. Combien de fois, à la fin d'un chapitre, j'enrageais de devoir attendre pour connaître la suite, renonçant de peu à la tentation de sauter quelques pages pour connaître ce qui suivait. Le plus drôle, c'est que souvent, à la fin de ce nouveau chapitre, j'aurais aussi voulu sauter le suivant pour connaître la suite... Bref, un véritable turn-over! J'ai d'ailleurs mis moins d'une semaine pour dévorer les huit cent et quelques pages de ce thriller haletant.

Même si ce deuxième opus peut être lu indépendamment du premier (les personnages sont toujours re-présentés, les événements brièvement rappelés, sans parler du résumé de quelques pages situé au début du roman, qui permet aux lecteurs de se remettre dans le bain), il s'agit tout de même d'une suite, et donc mieux vaut lire le premier roman avant d'entamer celui-ci. L'intrigue, qui se décompose une nouvelle fois en plusieurs sous-intrigues, est nouvelle, bien que découlant de celle du premier volet. De nouveaux personnages font leur apparition, tel Marcus Maratier, "l'ex grand reporter", comme il sera souvent nommé, avec lequel j'ai bien accroché; A l'inverse, certains personnages du premier roman reprennent leur rôle, comme Lara et Valentin Mendes, Jo lieras et son coéquipier, Demian Obolanski, Sookie et Léon Castel, Arnault de Battz et son amant, Egon Zeller, parmi d'autres. Il y a enfin quelques personnages qui furent à peine évoqués dans le début de la série qui se voient étoffés dans ce deuxième opus: Yanna Jezequel, dont les relations avec Sookie et Leon sont accentuées, et qui offre aussi à Hervé Marin, personnage pour lequel j'ai eu un véritable coup de coeur, une nouvelle dimension. On retrouve aussi la petite Milena, dont le personnage très vite absent du roman aura pourtant un grand impact sur l'histoire, et notamment sur le personnage de Lara. D'ailleurs, c'est sur le personnage de Bérénice, lui aussi quasiment nouveau (il avait été évoqué en tant que la fille de Mathilde, la belle fille de Jo et la soeur d'une victime du premier roman, mais pas pour lui-même) que Lara reportera la relation qu'elle aurait aimé vivre avec Milena. C'est avec bonheur que j'ai retrouvé ce petit monde, ravie de voir approfondies les relations qui les unissaient tous et de compléter leurs biographies, tant par la découverte du passé de certain que par leurs actions et discours dans des situations toujours plus périlleuses.

Parallèlement au déroulement de ces quelques journées de septembre, on nous permet de découvrir, via une petite dizaine de chapitres éparpillés dans le roman, le passé du personnage légendaire Ilya Kalinine. Cet homme énigmatique se révèle être bien différent de ce que l'on croyait, et son combat, dix ans auparavant, pour sortir sa fille des griffes d'un réseaux de proxénètes, est en quelque sorte à l'origine de tous les (mé-)faits auxquels les personnages sont aujourd'hui confrontés.

Mais si à la fin du premier roman, je languissais de lire le deuxième livre, tout simplement parce que j'avais apprécié tant l'intrigue et les personnages que le style des auteurs, à la fin du deuxième... "Ça ne peut se finir comme ça!".Tellement prise par l'histoire, je ne me suis même pas rendue compte que le roman se terminait. Alors quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que rien n'était réglé, et que l'histoire n'avait pas de fin. A la manière de certaines séries américaines, dont le dernier épisode de la saison est en fait la moitié d'un double-épisode, dont on ne découvre la suite que quelques mois après, quand la série revient pour sa nouvelle saison, le roman se termine (si je puis dire!) sur un événement énorme, qui remet en question l'avenir de quasiment tous les protagonistes, avec un suspens quasi insoutenable... Heureusement pour moi, je recevrais le dernier volet de la série dans les jours à venir, je n'aurais donc pas à patienter de nombreux mois avant de connaître le devenir de ces personnages auxquels je me suis attachée, ni de découvrir le fin mot de l'histoire. 

Je vous conseille sans hésitation ces romans, de véritable thrillers, bien ficelés, qui me font d'ailleurs beaucoup pensé à certaines séries TV que j'adore. Dites moi vite ce que vous en avez pensé, et on se retrouve bientôt pour le dernier épisode!




Merci pour ce "Merci" ;)


mercredi 13 avril 2016

1984 de George Orwell

C'est le premier livre audio que j'écoute, et l'expérience fut concluante. Pendant les trajets en voiture ou mes balades en solo, j'ai peu à peu (re)découvert ce monument de la littérature, même s'il m'aura fallu près d'un mois pour le finir. 

Résumé

« De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée. »

Mon avis


J'ai d'abord eu du mal avec ce procédé, écouter plutôt que lire, mais je devais me rendre à l'évidence: mes nombreux trajets en voiture était autant de temps perdu, et j'avais là une solution pour occuper ces instants. J'ai donc poursuivi l’aventure, et je ne le regrette pas. Passé les premiers chapitres, le temps de m'habituer, j'avais adopté le rythme et je prenais presque autant de plaisir dans ces écoutes que dans mes lectures.

Ecrit en 1948 (d'où semblerait-il, en partie au moins, le choix de l'année 84, par inversion des nombres), ce roman est un roman d'anticipation et non comme je l'avais d'abord écrit une uchronie, puisque la quasi totalité du livre se déroule après 1949 (uchronie:  réécriture de l'histoire, telle qu'elle aurait pu être) et Dieu merci, George Orwell ne fut pas visionnaire. 

Nous suivons le point de vue du héros, Winston Smith, qui vit dans un monde étrange et horrible. C'est une société en guerre permanente, sans lois énoncées mais sans aucune liberté pourtant, avec des classes sociales plus que marquées (les prolétaires sont à peine considérés comme des hommes), où l'on apprend à tous à ne pas penser, allant même jusqu'à inventer une langue nouvelle, construite principalement par la destruction d'un maximum de mots, et qui à terme, empêchera quiconque de s'insurger, puisqu'il n'y aura plus aucun mot abstrait pour former ses pensées.

Le roman est construit en plusieurs temps, qui ne m'ont pas tous séduite de la même manière. Au début, on découvre Winston, ainsi que la société dans laquelle il vit. J'adore ces romans qui dépeignent avec tant d'imagination et dans le détail, des mondes qui n'existent pas, outre les frontières de l'imagination de l'auteur. Ce monde-ci est effrayant, on n'y a plus aucune liberté, aucune intimité, puisque chacun vit sous l'oeil de Big Brother. Souvent dans notre société on cite cet entité, notamment, de nos jours, avec l'installation de plus en plus de caméras dans les villes. Il est devenu le symbole de ceux qui luttent pour les libertés individuelles. Le Londres dans lequel Winston vit est donc dépeint, ainsi que la routine de celui-ci. Puis, peu à peu, on découvre que derrière sa façade conforme aux exigences du parti, Winston n'adhère pas à la société dans laquelle il évolue, et de par son métier, observe les mensonges auxquels s'adonnent les dirigeants, pour laisser croire à tous que leur existence est meilleure que par le passé. Les romans, écrits grâce à des machines, les journaux, et les rares autres traces écrites sont cesse remaniées pour coller à l'idéologie du moment. Les trois grandes puissances mondiales, empêtrées dans des guerres perpétuelles, nécessaires pour leur potentiel de destruction, sont tour à  tour alliées puis ennemies, sans que quiconque semble s'apercevoir de ces changements. Winston étouffe, et décide, même si cela revient à signer son arrêt de mort, de se rebeller face à ce système qu'il exècre... D'abord, par l'écriture d'un journal, puis par des fréquentations interdites. J'ai aimé ces premiers chapitres, je me languissais toujours de connaître la suite, et les rebondissements, bien que prévisibles, me satisfaisaient. Vint ensuite un passage, où Winston lit le livre des rebelles, et même si cétait important pour l'histoire, mon intérêt est un peu retombé. J'avais un peu de mal avec cette prose descriptive, d'autant qu'elle parlait de choses dont j'avais déjà pris conscience via la lecture du début du roman. Enfin, la dernière partie du livre est consacrée à l'évolution de la langue. Là, je dois avouer que j'y ai trouvé mon compte. Moi qui aime tant la langue française et sa grammaire, j'ai adoré entrevoir les rouages du démantèlement de la langue, et son influence sur la capacité à penser.

En conclusion, à part pendant quelques passages un peu rébarbatifs, j'ai vraiment aimé ce monument de la littérature, et j'ai aussi apprécié l'expérience du livre audio, que je renouvellerai très certainement.



mercredi 6 avril 2016

W3 - Le sourire des pendus de Jérôme Camut et Nathalie Hug (premier tome de la série)

C'est pour me préparer aux explorateurs du polar, pour lesquels je vais chroniquer le troisième tome de W3 ainsi que "Les fauves", d'Ingrid Desjours, que j'ai attaqué ce premier opus. Mais cela fait un bon bout de temps que je voulais m'y plonger...

Résumé

Lara Mendès, jeune chroniqueuse télé, enquête sur le marché du sexe et ses déviances. Elle disparaît sur un parking d'autoroute...
Désemparés par la lenteur de l'enquête, ses proches reçoivent le soutien de Léon Castel, fondateur d'une association de victimes.
Sa fille Sookie, policière hors norme, a enquêté sur une triple pendaison qui semble liée à cette affaire.
Qui a enlevé Lara ? Pourquoi ? Où sont passés ces enfants et ces jeunes femmes dont les portraits s'affichent depuis des mois, parfois des années, sur les murs des gares et des commissariats ? Réseaux criminels ou tueurs isolés ? 
Partout, le destin d'innocents est broyé sans pitié.
Ils auront bientôt une voix : W3.


Mon avis


Un excellent thriller, c'est le moins que je puisse dire. J'ai adoré ce bouquin, et je languis de me plonger dans ses suites. Cela m'a fait souvent pensé à la série Millenium, dont je n'ai d'ailleurs pas encore pris le temps de lire le quatrième opus (oui, je sais, l'auteur est mort, mais je ne divague pas, promis, un quatrième tome vient bien de pointer le bout de son nez! Evidemment, le fruit d'un nouvel auteur) qui est pourtant dans ma PAL.

Le livre comporte de nombreux chapitres, et je dois d'ailleurs signaler qu'avec ses huit cent et quelques pages, il n'a pas le format habituel du genre. A chaque chapitre, on suit un des protagonistes du livre. D'abord, ils semblent être déconnectés les uns des autres, et plusieurs intrigues différentes sont très vite mises en place, mais l'on devine que tout va bientôt se rejoindre en une grosse affaire aux ramifications multiples.

Les personnages sont supers attachants: Lara Mendès, la chroniqueuse télé, qui se rêve grande journaliste, et qui devient bientôt la victime de ceux sur lesquels elle enquête. Du fond de son enfer, on découvre une femme courageuse, tenace, et qui fait tout pour garder pied malgré l'horreur qui s'abat sur elle. Sookie, la jeune flic black, originale mais brillante, qui classe tous ceux qu'elle croise dans des boîtes, souvent en fonction de critères physiques, mais pas que... Léon, son père adoptif, un emmerdeur professionnel qui défend la veuve et l'orphelin à sa manière rustre, et sous son aile bienveillante Hervé, l'idiot du village,(pas si bête que ça on le découvrira) qui a un cœur en or, tout comme son protecteur. D'autres personnages importants, tels que l'entourage de Lara, Valentin, son frère, entre l'enfance et l'âge adulte selon ceux qui se trouvent en face de lui, et son producteur gay, ainsi que l'ami de celui-ci. 
Tous ensemble,et avec quelques alliés encore, ils vont lutter pendant tout ce premier volume, et c'est un peu eux contre le monde entier. De cette brochette d'individus tous plus insolites les uns que les autres naîtra un site d'information: W3!

En finissant le bouquin, un goût d'inachevé. Et c'est bien sûr, puisque suiteS il y a! Je vais de ce pas me plonger dans le deuxième roman de la série, et j'ai hâte de découvrir de quoi il va retourner cette fois, hâte aussi de voir ces personnages grandir, évoluer, se débattre dans un monde qu'ils espèrent rendre meilleur...




Merci pour ce "Merci" ;)


mardi 5 avril 2016

De force de Karine Giebel

C'était mon premier roman de cette auteur*, et je dois dire que je n'ai pas été déçue...

Résumé

Elle ne m'aimait pas. Pourtant, je suis là aujourd'hui. Debout face au cercueil premier prix sur lequel j'ai posé une couronne de fleurs commandée sur internet. Car moi, j'ai voulu l'aimer. De toutes mes forces. De force. Mais on n'aime pas ainsi. Que m'a-t-elle donné ? Un prénom, un toit et deux repas par jour. Je ne garderai rien, c'est décidé. A part le livret de famille qui me rappelle que j'ai vu le jour un 15 mai. De mère indigne. Et de père inconnu. Lorsque j'arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite à tourner la poignée. Je respire longuement avant d'entrer. En allumant la lumière, je reste bouche bée. Pièce vide, tout a disparu. Il ne reste qu'un tabouret au centre de la pièce. J'essuie mes larmes, je m'approche. Sur le tabouret, une enveloppe. Sur l'enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales. Deux feuilles. Écrites il y a trois mois. Son testament, ses dernières volontés. Je voulais savoir. Maintenant, je sais. Et ma douleur n'a plus aucune limite. La haine. Voilà l'héritage qu'elle me laisse.


Mon avis



On pourrait lire cet ouvrage avec pour fond sonore la chanson de Police " Every breath you take"... En effet, il s'agit là d'un roman où l'héroïne est victime d'un harceleur. Et si ce n'est pas véritablement un huis-clos, puisque l'action se déroule en plusieurs endroits, le climat oppressant qui règne dans et aux abords de cette demeure luxueuse de la côte d'azur pèse sur les personnages autant que sur le lecteur. D'ailleurs, on pourrait presque considérer la maison comme un autre personnage de l'histoire, tant elle joue un rôle primordial dans ce récit: elle a un passé, un drame survenu des années auparavant dont elle garde les traces, au moins dans la mémoire de ceux qui y vivent; un présent, où les personnages se retrouvent tous avec leurs peurs et leurs démons; et un avenir, incertain, comme celui de ses habitants...

Quand bien souvent on met tout un livre pour comprendre le titre, ici "de force" est évoqué dès les premières pages, puis repris, tout au long du roman, comme scandé, pour rappeler au lecteur la menace qui pèse sur Maud, mais aussi sur tous les protagonistes, de diverses manières. Chacune de ces occurrences fait référence à une situation différente, et pourtant chaque fois le piège se referme un peu plus sur les proies, qui se retrouvent, de force, entraînées dans une situation qui les dépasse. 

Peu à peu, le décor idyllique et la belle petite famille bourgeoise se dévoilent et on découvre une ambiance malsaine... Alors que le père semble être un monstre (les pensées qu'il entretient vis à vis de sa fille sont pour moi à la limite de la pédophilie) et la belle-mère une garce, Maud révèle aussi progressivement son côté noir. Quant à Luc, qui se retrouve au centre d'un carré amoureux - il subit les avances de l'une des trois femmes, une autre tombe amoureuse de lui et  il couche avec la dernière, pour laquelle il ne semble être qu'un sextoy - on découvre derrière l'homme droit et honnête qu'il paraît être au début une âme noircie par la vie et il est très difficile à cerner. 

Dans ce thriller psychologique, les monstres sont plus nombreux qu'on pourrait d'abord le croire... Une tension palpable, un imbroglio de (res-)sentiments. Et toujours cette menace qui pèse: le harceleur va-t-il passer à l'action? Pourquoi en a-t-il après le Professeur? Quel noirs secrets cache d'ailleurs cet homme dont les masques qu'il collectionne sont moins nombreux que ceux dont il se pare...

Le livre est ponctué, tantôt par un courrier du malfaiteur envoyé au médecin, tantôt par les scènes, effrayantes, où le psychopathe est chez lui. 
Et il y a aussi des personnages absents (et pourtant très présents):
       - Marianne, l'amour de Luc, dont on ne sait pas s'il est réel ou imaginaire, passé ou présent...
     -Le petit garçon de la photo, auquel l'agresseur s'adresse chez lui, que j'ai d'abord soupçonné d'être lui-même, une sorte de fantôme de l'enfant qu'il était, représentant peut-être l'homme qu'il n'avait jamais pu devenir, mais qui finalement pouvait aussi bien être un être cher perdu, un frère, un enfant, en tout cas un membre de sa famille, d'après la ressemblance physique.
      -La mère de Luc, une autre femme de sa vie, que l'on ne "connaît" qu'à travers les courriers qu'il reçoit d'elle...
     -Lucas, le fils de Charlotte, dans le coma, dont on n'apprend l'existence que très tard, et qui apporte un éclairage nouveau sur cette femme blessée, personnage bien plus complexe qu'on peut d'abord le croire. 
C'est d'ailleurs le cas de tous, ils nous renvoient d'abord une image et peu à peu on les découvre et redécouvre, via leurs actions, leurs révélations ou celles de l'auteur sur leurs passés...

Pendant le roman, on se pose beaucoup de questions sur les personnages, et ce qui leur arrive. Et souvent, dans la première moitié, je me suis demandé quelles étaient les raisons de la persécution. Cela avait-il un rapport avec la mort de la mère de Maud? Avec la négligence qui avait causé la mort d'un petit garçon? Ce n'est qu'à la moitié du livre, quand Armand avoue son "crime", que j'ai vraiment été sûre que le petit garçon au nutella était le fils de l'homme. Mais alors, qui était la voix au téléphone? Comme bien souvent à la lecture d'un thriller, on devient paranoïaque et soupçonne un peu tout le monde. J'ai envisagé dans ce rôle de complice la belle-mère évidemment, pour faire souffrir Maud et se venger de son mari, qui lui a toujours préféré sa fille. Mais aussi que le professeur, tellement possessif, ait monté un stratagème pour que sa fille ne lui échappe pas... J'ai aussi eu des doutes sur quasiment tous les autres personnages, même si je ne savais pas quel aurait été leur intérêt... 
Souvent je devine les rouages et leur fonctionnement, mais ici, le final fut pour moi vertigineux, et certaines des réponses apportées m'ont carrément surprise (ce qui ne fut pas le cas pour ma maman qui elle avait vu la chute venir de loin ;) ). Comme lorsque l'on voit ces films, "Le sixième sens" ou "The game", j'ai presque eu envie de relire le bouquin à la lumière des révélations finales. 

Pour conclure, j'ai trouvé ce roman vraiment très travaillé, et pour moi ce n'est pas qu'un thriller, car derrière l'intrigue principale on découvre un drame, et même plusieurs, des personnages complexes et attachants malgré leurs travers. J'ai aimé cette lecture et je  replongerai très vite dans les lignes de cette auteur.

*je ne sais jamais si je dois suivre la nouvelle orthographe en employant "auteure", et, si je ne le fais pas, si je dois tout de même accorder le pronom: cet auteur ou cette auteur? Si vous avez la réponse, ou un avis sur la question, n'hésitez pas à m'en faire part!

vendredi 1 avril 2016

Exploratrice du polar, merci à Lecteurs.com

Grâce à lecteurs. com, je deviens une exploratrice du polar. J'ai reçu hier ce mail:


"Vous avez récemment candidaté pour participer à l’opération des Explorateurs du Polar organisée par lecteurs.com, pour lire et chroniquer les livres que nous vous proposions.
Nous sommes ravis de vous annoncer que nous avons retenu votre demande.

Face au très grand nombre de demandes reçues, et afin de satisfaire tout le monde, nous avons décidé d’attribuer 2 livres par personne.
Nous avons retenu vos choix 3 et 4 :
- Jérôme Camut et Nathalie Hug, W3 Le Calice jusqu'à la lie
- Ingrid Desjours, Les Fauves "


Je suis super contente, c'est une première pour moi, et histoire de savoir de quoi je parle, j'attaque aujourd'hui le tome 1 de W3 que je voulais lire depuis un moment.

Je vous tiens au courant, à bientôt!